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Que l’on médite ces vérités, que l’on sache s’en convaincre et l’on aura, en menant une vie régulière, de grandes chances d’échapper au fléau ; nous le répétons, la fièvre jaune attaque surtout les gens d’une vie déréglée, celles qui se livrent à des excès. Les personnes fermes et de mœurs régulières, lui échappent presque toujours.

Ceux qu’elle abat sont les viles proies de la débauche, bien plus souvent que les innocentes victimes d’un fléau cruel.

Ce n’est pas à dire qu’il faille faire des émigrans autant de disciples de Pythagore ; ce que nous demandons c’est la modération qui, dans tous les pays du monde, est une sauvegarde de la santé.

En définitive, les hommes que nous appelons aux avantages de l’émigration, quittent une vie bien autrement dure que ne le peut être la privation de quelques misérables plaisirs de cabaret.

Nous avons vu à la Jamaïque, dans la paroisse Sainte-Anne, une compagnie de vingt-deux Américains, occupés à établir une magnanerie. Tous travaillaient avec l’ardeur tenace et sérieuse des Américains, tous depuis quatre mois étaient à l’ouvrage, la hache, le compas et la houe à la main. Quatre mille pieds de mûriers étaient déjà plantés, et pas un de ces hommes, depuis quatre mois, n’avait été indisposé. À la vérité ils sont au milieu des mornes, loin des rivages marécageux de la mer ; et tous, membres scrupuleux d’une société de tempérance, ne boivent que de l’eau.

À moins que la culture du sucre ne soit plus spécia-