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absolument inhabitables, avec autant de raison qu’ils regardaient les îles britanniques comme les confins du monde occidental. Un séjour de vingt-cinq ans passés dans les colonies, m’a convaincu par expérience qu’il n’est pas de contrée où quelqu’un avec un régime approprié au climat et à sa constitution personnelle, puisse vivre avec plus de sécurité et meilleure santé qu’à la Guyane[1]. Jamais idée plus fausse n’a été accréditée, que celle de croire que les personnes du nord ne peuvent cultiver sous la zône torride[2]. »

La vérité est que l’on diminuerait singulièrement l’action malfaisante du soleil des Antilles, si l’on s’attachait à détruire dans l’esprit des populations occidentales les craintes qui leur deviennent mortelles, en débilitant leur esprit, et si l’on combattait les penchans vicieux qui affaiblissent leurs corps. Qu’on nous comprenne bien. Nous ne disons pas du tout que la fièvre jaune n’existe pas, au contraire, c’est un ennemi vigilant ; mais nous disons qu’elle a le plus ordinairement peur de ceux qui n’ont pas peur d’elle, et qu’il est possible de lui opposer la sobriété avec un succès presque toujours certain.

Cette opinion s’établirait solidement, si l’on voulait en outre secouer la vieille et funeste erreur qui fait de la fièvre jaune une maladie contagieuse. M. le docteur Chervin, un de ces martyrs de la vérité, qui consacrent

  1. On sait que la Guyane est cependant considérée comme bien plus insalubre encore que les Antilles.
  2. The Dominica Colonist, numéro du 5 septembre 1840.