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fils à l’égard du père ? Il y a lieu de s’étonner que la commission ait cru devoir demander des lumières sur le mode d’affranchissement auquel M. Passy a donné son nom, Depuis long-temps ce mode est réputé impraticable. Si l’on nous objectait que nous le proposâmes nous même il y a huit ans[1], nous répondrions en toute humilité qu’un examen plus mûr des circonstances environnantes nous y a fait renoncer. Une autre preuve encore que ce projet n’est pas bon, c’est que les créoles pur sang disent qu’il est le meilleur. Ils ont raison dans leur sens : de tous les moyens d’abolir, c’est celui qui abolit le moins.


§ IV.

RACHAT FORCÉ PAR LE MOYEN DU PÉCULE.


Les maîtres ne veulent pas du rachat forcé. — Tous les esclaves ne sont pas à même de se faire un pécule. — Le rachat par le pécule nuit à l’établissement spontané du travail libre. — Le maître, s’il le veut, peut empêcher un esclave de gagner de l’argent. — L’esclave ne doit pas payer sa liberté, on lui devrait plutôt donner une indemnité pour tout le temps ou il a été retenu en esclavage.


Le complément de ce premier système est le rachat forcé au moyen du pécule devenu légal. Tous les conseils coloniaux l’ont énergiquement repoussé. « Le pécule légal et le rachat forcé, a dit la commission de la Guadeloupe, n’auraient ni le concours du conseil, ni l’assentiment des colons. Imposés par la force, ils ne trouveraient d’appui que dans la force. » La principale raison que l’on donne de cette répugnance si formelle, c’est que le rachat forcé amènerait la ruine des ateliers, parce que les bons sujets, les hommes capables, se rachèteraient et qu’il ne resterait que les cravates. Peser la valeur d’une telle fin de non recevoir à l’égard d’un pauvre esclave,

  1. De l’esclavage des noirs, etc. Si l’on était tenté de lire notre projet, on y verrait que nous n’échappions à son vice principal qu’en arrachant les enfans aux père et mère pour les élever dans de grands établissemens publics, aux frais de la nation.