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gue de terre qui ferme la rade, entourée d’eaux stagnantes et de marais qui en font le lieu le plus malsain de la colonie. Le malade amené là aujourd’hui, expire le lendemain, et l’on dit toujours : c’est le climat !

Quand nous visitâmes cet hôpital, un régiment qui venait d’arriver y remplissait tous les lits, et chaque jour envoyait cinq morts au cimetière. Est-ce donc le climat qui les tuait ou bien les funestes circonstances dans lesquelles on les avait placés ? — Est-il étonnant que les régimens perdent ainsi un quart de leur monde en quinze mois ? Ne prépare-t-on pas ces hécatombes au Dieu fièvre pour le plus grand effroi de ceux qui en Europe entendent parler de ses ravages ? Si on les avait cherchés pourrait-on trouver de meilleurs moyens pour organiser les effets destructeurs des influences épidémiques.

Les gouvernemens ont trop accepté la fièvre jaune comme un mal inévitable, et ne l’ont pas assez combattue comme un mal guérissable. Ils y soumettent les populations sans préservatif, et le monstre dévore d’autant plus de victimes, qu’on lui en présente un plus grand nombre de désarmées. Une première mesure très importante serait de réagir contre cet esprit de concession.

Il n’est pas vrai que la nature ait condamné l’homme à payer un tribut humain au minotaure des Antilles.

« La mort que les Européens trouveraient en travaillant sous le soleil des tropiques, a écrit le docteur John Hancock, est une relique de l’antiquité. Les anciens croyaient que les régions équatoriales étaient