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nies auraient des gouverneurs capables de faire exécuter la loi qu’ils sont chargés de maintenir, cela ne servirait à rien. À la ville comme à la campagne, les petits nègres rendent des services dès l’âge de six ans, ils balayent, font les commissions, aident aux gardeurs de bestiaux, et les maîtres, pour cette raison comme pour mille autres, n’enverront jamais leurs négrillons à l’école.

L’ordonnance dit encore que les instituteurs d’enseignement primaire devront aller chez les planteurs quand ils en seront requis pour donner l’instruction aux esclaves. En vérité s’il ne s’agissait de choses éminemment sérieuses, de l’enfance et de son éducation, ne croirait-on pas que c’est une moquerie ? Que peuvent sept pauvres maîtres d’école pour des populations de cent et cent vingt mille âmes ?

En somme les frères de la Basse-Terre ont 160 élèves,

Ceux de la Pointe-à-Pitre 
240
Ceux de Saint-Pierre 
220
Et ceux de Fort-Royal 
200
  820


joignez à ce nombre un nombre peut-être égal qui se trouve dans les écoles mutuelles, voilà quinze à seize cents enfans qui reçoivent une éducation gratuite dans nos îles ! et parmi eux il n’y a pas un esclave, bien que l’on prétende que les gens de Ploërmel aient été envoyés pour préparer les esclaves à l’indépendance !

L’administration, au surplus, toujours d’accord avec l’esprit colonial, n’a aucunement aidé les jeunes instituteurs ; ils font des efforts dont leurs pupilles commencent à profiter[1],

  1. Malgré ces progrès que nous ne sommes nullement tenté de cacher, le jour où l’on voudra réellement porter le pain de l’intelligence aux nègres de nos Antilles, nous aurons quelqu’objection à ce qu’on y emploie les frères de Ploërmel. Ils sont bons, obligeans et doux, mais ils montrent une dévotion exagérée, et ne paraissent pas tous assez cultivés peut-être pour cette œuvre si importante et si délicate de l’éducation de la première enfance.