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clave[1]. Il n’y ont rien changé, rien modifié, ils ont tous peur de se faire embarquer, ils ne veulent point s’exposer à souffrir pour la vérité. Ils vivent tous chez les maîtres au lieu de vivre avec les esclaves, et quand on connaît les colonies, c’est une plainte qui paraît étrange de leur entendre dire qu’ils ne peu-

    refuse-t-on l’instruction religieuse ? Est-ce Dieu qui l’a vendu ? Son service ne peut vous appartenir qu’après qu’il a servi le Seigneur. L’Écriture lance des malédictions sur le maître qui ne favorise pas le salut de ses inférieurs. Gardez-vous bien, mes enfans, de les assumer sur vos têtes, ces malédictions ! Les âmes sont trop précieuses aux yeux de Jésus-Christ pour qu’il puisse jamais vous permettre de lui en soustraire une seule.

    « Ne les méprisez pas, non ne les méprisez pas ; car, dites, à quoi a-t-il tenu que vous ne soyez nés à leur place, et qu’ils ne soient nés à la vôtre ?

    « Que votre cœur soit donc charité. Ce sont les impies qui, comme le dit l’Écriture, ont les entrailles dures et cruelles.

    « Ainsi pour nous résumer, l’esprit de Dieu donne la douceur pour traiter avec amour le prochain, et surtout le malheureux, C’est à ce signe, mes enfans, que Dieu vous reconnaîtra un jour. »

  1. Plusieurs, hélas ! le pratiquent dans toute son horreur et les deux notes suivantes dont les originaux ont été mis sous nos yeux, donnent à juger si les esclaves de l’église sont toujours mieux traités que ceux des colons.

    « Jacques, gardien du cimetière est autorisé à faire punir Joseph, esclave appartenant à la fabrique et attaché au cimetière, pour refus de faire son service pendant la semaine, notamment dans un enterrement où il a refusé de porter le brancard. »

    Cayenne, le 12 septembre 1840.

    Le président de la fabrique,
    Signé Guillier,
    Préfet apostolique.

    Et en marge :

    Bon pour vingt-neuf coups de fouet ;

         Cayenne, le 13 septembre 1840,

    Signé, le maire, F. Roubault.

    « Joseph Appollon, gardien du cimetière par intérim, est autorisé à