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fièvre ou de la dyssenterie. L’hôpital, où est-il situé ? Au milieu des villes, où la chaleur, l’agglomération d’un grand nombre d’individus, les émanations d’un littoral insalubre rassemblent tous les principes constitutifs du fléau. Mais là, qu’arrive-t-il ? Par quelles causes ces terribles maladies deviennent-elles aussi souvent mortelles qu’elles le sont ? De quoi se plaignent tous les médecins ? C’est qu’au lieu d’y suivre un traitement régulier, les malades en s’y livrant encore à leurs grossiers appétits, rendent toute guérison impossible. Ces pauvres gens regardent la diète à laquelle on les condamne comme une économie que l’on veut faire à leurs dépens, ils demandent et reçoivent vivres et boissons du dehors ; ils mangent des fruits, boivent du tafia, meurent, et l’on dit : c’est le climat ! — Il y a des années que les médecins signalent le danger, mais l’apathie créole n’a pu découvrir jusqu’ici le moyen de prévenir l’introduction clandestine des vivres dans les hôpitaux.

À la Jamaïque, c’est mieux encore. Sous prétexte d’éloigner les soldats du danger de la capitale, on les a casernés à une lieue de là. Ils viennent en ville pendant le jour, ils boivent du rhum, toujours du rhum, jusqu’à la dernière minute qu’ils ont de loisir, puis ils courent afin d’être rendus à l’heure, ils arrivent tout échauffés, répondent à l’appel, ôtent ensuite leur habit pour se rafraîchir, prennent froid et le lendemain ils se réveillent mourans. Il faut les transporter à l’hôpital. Mais où a-t-on bâti ce magnifique hôpital qui a coûté 180,000 liv. sterl. ? À Fort-Royal, sur une lan-