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Le patronage par les procureurs du roi et leurs substituts est impossible, et les abolitionistes de bon sens ne rongeront pas plus cet os là que les autres.

Comme appréciation d’une amélioration quelconque à espérer, concurremment avec l’esclavage, il n’est pas sans intérêt de considérer ce qu’à produit l’ordonnance tout entière du 5 janvier. Elle établissait d’abord les visites et le patronage des magistrats. Nous venons de voir de quelle manière il furent reçus, et comment ils pouvaient l’être. Elle disait en outre : « Les ministres des cultes, feront l’enseignement d’un catéchisme spécial au moins une fois par semaine aux enfans esclaves sur les habitations. Les maîtres devront faire conduire ces enfans à l’église le dimanche. » À part ce qu’il y a d’étrange dans un pays ou tous les cultes sont libres, à forcer les citoyens d’une province d’élever leurs serviteurs dans une religion plutôt que dans une autre, que signifie cette instruction religieuse avec les fausses idées qu’un esclave, misérable, abruti, peut prendre des choses spirituelles ? Tout ce qu’on lui expliquera sur la puissance d’un créateur et l’immensité de la création, ne dépassera-t-il point la portée circonscrite de son esprit ? disons-le sans périphrase, l’instruction religieuse pour des esclaves est une utopie, sa propagation est une impossibilité. Et nous allons le prouver.

Quel est le moyen employé pour instruire religieusement les nègres ? c’est de leur apprendre le catéchisme. Or, voici quelques phrases de ce catéchisme « fait exprès à l’usage des paroisses des colonies françaises, et approuvé par la sacrée propagande. »

« Qu’est-ce que Dieu ? — Dieu est un esprit éternel, infini, tout-puissant, créateur du ciel et de la terre et le souverain Seigneur de toutes choses. — Pourquoi dites-vous que Dieu est un esprit ? — Je dis que Dieu est un esprit, parce qu’il n’a ni corps, ni figure, ni couleur, et qu’il ne peut être aperçu ni touché par les sens. — Combien y a-t-il de personnes en Dieu ? Trois. — Ces trois personnes sont-elles trois dieux ? — Non, ces