l’Europe entière ajoutera l’énorme poids de ses sympathies aux
fervens efforts des abolitionistes des États du nord de l’union
américaine, les États du sud pourront-ils, quelque soit leur
cruel aveuglement, résister à l’entraînement universel ? Ils le
pensent, nous croyons qu’ils se trompent.
§ II.
INCOMPATIBILITÉ DE L’INSTRUCTION RELIGIEUSE OU PRIMAIRE AVEC L’ESCLAVAGE.
Personne ne peut se rallier aux moyens d’abolition que nous avons exposés dans le paragraphe précédent, ce serait prolonger indéfiniment l’esclavage, et l’on sait que la France veut autre chose. Cependant les colons effrayés du passage subit de la servitude à la liberté, et rejetant à priori la libération en masse comme inadmissible, flottent entre mille projets, ils cherchent des élémens de transition qu’ils ne parviennent pas à trouver et qu’ils ne trouveront pas parce qu’ils n’y en a pas. — Si l’on ne donne point la liberté complète et absolue, que serait-il possible de faire, législativement parlant, de mieux que ce qui est aujourd’hui ? Rien. Toutes les modifications que l’on pourrait introduire dans le régime de l’esclavage ne dépasseraient point ce qui est déjà fait. L’édit de 1685, connu sous le nom de Code noir, véritable base législative des colonies, n’a point du tout abandonné l’esclave au colon ; il s’est gardé la faculté