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sein de laquelle ils fonctionnent. Loin d’entretenir une transpiration égale, la chaleur leur fait rechercher ces vifs courans d’air que ménage la construction des maisons combinée avec les brises, les pores se referment, la transpiration arrêtée amène la pleurésie, ils meurent, et l’on accuse le climat d’être pestilentiel. Non, c’est vous qui avez été maladroit en ne sachant point aider à votre constitution.

Une vieille erreur très commune, est aussi extrêmement funeste aux Européens. On est convenu que pour corriger la lassitude et la langueur que donnent les pays chauds, il est bon de boire quelque cordial. On prend le cordial appelé rhum qui est fort abondant aux colonies, et comme on y trouve plaisir, on en prend beaucoup, si bien que l’économie, maintenue dans un état de surexcitation continuelle, et la débilité s’accroissant par l’usage répété du tonique, l’homme est préparé comme à dessein, pour l’envahissement de la fièvre jaune. On a suivi le régime précisément opposé à celui qu’il fallait suivre. — En se rendant compte des législations, on y peut trouver des indications sûres pour certaines règles de conduite. Grand nombre des lois religieuses de l’antiquité qui paraissent fort ridicules à ceux qui n’y regardent pas de près, contiennent des préceptes hygiéniques appropriés aux climats, que les individus devraient observer. Moïse, en défendant aux Israélites de manger du porc, savait que l’usage de la chair de porc, en Orient, donne la lèpre. Mahomet en interdisant le vin et les liqueurs aux croyans, imitait sans le savoir une loi de Carthage