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par centaines si cette malheureuse dette n’était pas là pour resserrer tant de cœurs, rétrécir tant d’intelligence. »

Quand nous entendons parler ainsi un homme comme M. Lignières, nous ne pouvons qu’exprimer notre profond regret de ne point partager son avis. Plus nous méditons et moins le temps nous semble pouvoir rien faire à cela. Nous sentons tout ce que la vieille pauvreté des créoles leur donne de droit à être ménagés dans ce débat où l’humanité expose ses titres ; nous comprenons, comme on l’a dit, qu’il n’est pas indifférent que la réforme s’opère au milieu d’une société riche plutôt qu’au sein d’une population nécessiteuse et souffrante, cela est vrai de tous points ; mais ce qui nous semble aussi d’une vérité fatale, c’est que plus on reculera la solution, plus la société coloniale deviendra nécessiteuse et souffrante ; car ses dettes actuelles sont hors de proportion avec ses moyens de libération. L’affranchissement, par les motifs que nous avons déduits tout à l’heure, l’affranchissement avec l’expropriation forcée, sont les seules ressources contre son malaise.


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