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est déjà entamé jusqu’en face de l’esclavage. À notre connaissance, M. Nelson et M. Despointes (Robert, Martinique) ont employé des ouvriers libres à la houe ; le dernier a planté de la canne de compte à demi avec eux, et au moment où nous eûmes l’honneur d’être reçu chez lui, il avait à fabriquer six boucots de sucre pour un nègre libre. On a vu au chapitre IX que M. Latuillerie avait aussi fait de la canne, de compte à demi avec des libres. Il faut tout dire, la mesquinerie du salaire proposé aux libres, la difficulté de le recouvrer, entre pour quelque chose dans leur éloignement du jardin, et nos planteurs ne font aucun effort d’ensemble pour vaincre cet éloignement ; ils n’aiment pas le mélange des affranchis avec leurs esclaves, ils redoutent et peut-être pas sans motif, en raison des idées qui fermentent dans leurs ateliers, ils redoutent cette communion de la liberté avec la servitude.

En somme, nous avons rencontré plus d’un habitant qui croient au travail libre, nous y croyons fermement aussi, et l’on verra pourquoi, lorsque nous en serons à parler des colonies anglaises. Pour juger ce qu’il est permis d’attendre des nègres quand ils vivront à leur compte, il faut voir l’ardeur que le plus grand nombre d’entre eux montrent le samedi dans leurs propres jardins.


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