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sonne s’intéressât à eux, sans que l’Europe, en se voyant dévorer ses propres enfans, demandât compte de ce qui se passait aux îles.

Le sort des engagés était aussi affreux que celui des nègres ; on les battait comme les nègres, on excédait leurs forces comme celles des nègres, et le grand nombre d’entre eux qui périrent, moururent victimes des mauvais traitemens qu’on leur imposait, et non des fureurs du climat. — Au moment où le père Labat arrive à son couvent, il rencontre un engagé nommé Massonnier qui était venu aux îles sur le même navire que lui. « Guillaume Massonnier était fort épouvanté, il avait appris que la condition des engagés, dans les îles, était un esclavage fort rude et fort pénible, qui ne différait de celui des nègres que parce qu’il ne dure que trois ans. » Le père Labat n’eut pas dit de quelle façon étaient traités les engagés que les vieilles ordonnances nous attesteraient qu’à cette époque on ne faisait guères de différence entre eux et les esclaves. Nous trouvons dans un règlement du conseil de la Martinique, du 2 mai 1666, « qu’il leur est défendu de faire les mutins et les insolens, et qu’il est permis aux habitans de les châtier comme gens à leurs gages ; avec défense à ces gens de s’en plaindre et de discontinuer pour cela leur ouvrage. »

Les Anglais n’en usaient pas mieux avec leurs engagés. Labat, qui les vit lors de son voyage à la Barbade (1700), en parle de la sorte : « Leurs engagés sont en grand nombre, mais il n’y faudrait pas beau-