pioche à la main depuis quatre heures du matin jusqu’au coucher du soleil, mais leurs maîtres en revenant d’examiner leur ouvrage répètent tous les soirs, ces geux-là ne travaillent pas[1] ! » — La paresse native des Africains est une invention des blancs créoles pour épouvanter les blancs réformateurs.
Nous sommes complètement dans le vrai, du moins avons-nous tout lieu de le croire, en disant cela, car aux colonies anglaises les nègres nouveaux, les nègres pris sur des négriers et mis à la culture, se montrent généralement laborieux. N’ayant point été gâtés par l’esclavage, il ne se manifeste en eux aucune antipathie pour le travail. C’est un fait constaté par le capitaine Lahirle lors de sa visite à la Jamaïque, et l’on doit y attacher de l’importance, car cet officier de notre marine royale envoyé aux West-Indies pour étudier les résultats de l’émancipation, croit aussi d’ailleurs à la paresse innée des nègres. — « Les noirs d’Alger, dont un grand nombre sont libres, forment une race belle, laborieuse, sage, universellement aimée[2]. »
Ce qui par-dessus tout induit les colons à dire que les nègres ne travailleront pas, c’est le triste spectacle de la fainéantise de la classe libre aux colonies ! Cette classe reste en proie à l’oisiveté, aux mauvaises mœurs ; nous reconnaissons que cela est vrai, et qu’elle ne fait pas ce qu’on pourrait attendre d’elle. Mais n’est-ce pas voir bien courtement que de ne pas mieux mesurer la portée d’un fait social ? l’esprit qui préside à une association n’est-il pas toujours responsable des fautes de ses membres ? Nous avons déjà dit pourquoi les libres ne font rien, c’est qu’ils sont pleins d’ignorance, c’est que l’esclavage ayant toujours représenté pour eux le travail, il va de source que la liberté représente le repos ; c’est que le véritable tyran de l’esclave étant la houe, il est parfaitement naturel que l’affranchi la déteste ; c’est qu’ils sont méprisés,