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sont bien d’avantage, parce que les noirs sont plus malheureux que ne le seraient jamais les blancs, si même l’’émancipation ne réussissait pas.

Selon nous donc on ne doit que le prix du nègre affranchi. Le grand point est d’évaluer ce prix, de chercher avec tous les soins imaginables de prudence et de justice à trouver un chiffre qui réunisse l’assentiment général, en sorte que nul n’ait légitimement à se plaindre ? La voie la plus simple serait de nommer une commission ad hoc composée par moitié de délégués métropolitains et coloniaux ; six, huit, dix membres de chaque côté, qui tous ensemble devraient s’adjoindre à l’unanimité un membre dont la voix servirait à former une majorité, pour le cas ou les plénipotentiaires en nombre égal ne parviendraient point à s’entendre.

Si l’on craignait qu’un tel congrès n’entraînât des lenteurs interminables ; le parlement pourrait trouver dans le passé des antécédens propres à le fixer d’une manière précise. La valeur des esclaves pris en masse, a été depuis long-temps et à différentes époques déterminées par les colonies elle-mêmes, et mettent parfaitement en état de régler à coup sur les prétentions actuelles. Examinons :

Des esclaves ayant été enrôlés et armés à Saint-Domingue pour la défense de la colonie, il fut stipulé (ordonnance locale du 14 février 1759) que ceux qui périraient au service seraient payés à leurs maîtres à raison de 2000 livres coloniales par tête (1333, 33). Un arrêt du conseil colonial du Cap du 29 novembre 1769, prenant en considération l’augmentation du prix des nègres, éleva de 600 livres à 1200 le taux du remboursement à effectuer pour l’esclave justicié.

Un arrêt du conseil d’état du 1er mai 1778, fixa pour la Martinique l’indemnité à payer dans ce dernier cas à 1300 livres coloniales par noir, et 1200 livres coloniales par négresse. Enfin les indemnités pour esclave condamné à mort ou aux travaux forcés à perpétuité sont aujourd’hui fixées ainsi qu’il suit : à la Martinique, 1111 fr. 11 cent. par chaque esclave, sans dis-