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le compte de la compagnie des îles de l’Amérique qui les avait embarqués. »

La canne à sucre fut mise en plantation réglée, à la Guadeloupe, vers 1644. Boisseret acheta cette île en 1649, pour une somme nette de 60,000 livres et six cents livres de sucre par an. À la Martinique, la canne à sucre fut introduite en 1650.

Lorsqu’en 1674 la Martinique fut réunie au domaine de l’État, elle était en pleine voie de culture, et produisait déjà du tabac, du coton, de l’indigo et du sucre.

Les colons, à cette époque, formaient deux classes. La première, composée de ceux qui étaient venus à leurs frais, on les appelait habitans ; ils possédaient des terres que le gouvernement local leur avait accordées en toute propriété, moyennant une redevance de tabac, de coton et de sucre.

La seconde classe se composait d’Européens pauvres, attirés aux îles par l’espoir d’y faire fortune. Sous le titre d’engagés, ils étaient contraints de travailler pendant trois années consécutives sur les plantations des colons qui avaient payé leurs frais de passage. À l’expiration de l’engagement, ils recevaient, pour la plupart, des concessions gratuites de terrain.

Ainsi, d’après ces détails, que l’on peut trouver dans le père Dutertre et le père Labat, on le voit très évidemment, les colonies furent défrichées et mises en culture par des Européens. Depuis 1625 à Saint-Christophe, depuis 1635 à la Guadeloupe et à la Martinique, jusqu’en 1738, c’est-à-dire un siècle durant, ce sont