Page:Schœlcher - Des colonies françaises, 1842.djvu/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est passé où le parlement se pouvait demander si l’esclavage doit ou ne doit pas être maintenu. Ce qui est à décider aujourd’hui, c’est quel est le moyen le plus prompt et le plus convenable de l’abolir. » Le parlement sut très bien ce qu’il faisait, les hommes d’État les plus entrés dans la direction publique du pays étaient loin de lui en imposer. Le duc de Wellington, dans la séance du 4 juin 1833 déclara « que les Indes occidentales rapportaient par an à la métropole 12 millions sterlings (300 millions de francs), dont 5 (25 millions de francs) entraient comme droit de consommation dans les coffres de l’État, » plus tard le 25 juin, il dit encore « les rapports commerciaux existans depuis si long-temps et avec de tels avantages pour nous entre la métropole et les colonies, n’intéressent pas seulement au plus haut degré notre commerce ; leur importance touche jusqu’à notre puissance navale et de fait à tout ce qui peut ajouter à la gloire et à l’honneur de l’empire. »

Quand donc saura-t-on ces choses ? N’est-il point déplorable qu’il faille encore y revenir en 1842, et justifier les Anglais d’avoir jamais conçu un projet stupide ? Si les colons ne veulent pas nous en croire, qu’ils écoutent du moins les hommes les plus éclairés parmi eux, leurs propres délégués. Ceux-là, comme M. Lacharrière, leur diront avec nous : « Lors de la discussion du bill d’émancipation, le cabinet anglais n’était pas maître du terrain ni de la ligne de conduite qu’il eut dans cette affaire. Voici le langage qu’un ministre tenait en août 1833, à la chambre des pairs d’Angleterre. « Que cette ligne soit bonne ou mauvaise, qu’elle soit juste ou injuste, que les conséquences en soient heureuses, fâcheuses ou même fatales, c’est ce que je ne chercherai pas à discuter ; mais ce que je maintiendrai, c’est que le cabinet n’a point, de son chef, pris l’initiative de la mesure en délibération[1]. »

  1. Réflexions sur l’affranchissement des esclaves dans les colonies françaises, par M. Lacharrière, ancien délégué des blancs de la Guadeloupe.