fait son devoir, disent-ils, le retentissement de ce funeste procès n’aurait point précipité la destruction de l’esclavage de tout le temps que (dans leur opinion) il lui restait à mûrir. M. Jubelin, il est vrai, disait le 18 juin 1840, en ouvrant la session du conseil colonial : « Malgré de dangereuses excitations du dehors, malgré quelques imprudentes agitations au dedans, l’ordre règne dans le pays. Cette situation témoigne hautement de la sagesse qui a présidé à l’établissement d’une société, qui a pu résister à tous les ébranlemens que les circonstances ne cessent de lui imprimer depuis quelques années. » Le conseil colonial ne manqua pas de rappeler cette phrase dans sa réponse et d’y appuyer fortement. M. Jubelin cependant resta gouverneur ! Comment pourrait-il seconder la réforme, celui qui loue la sagesse de l’institution d’une société à laquelle on a donné l’esclavage pour base et pour pivot ?
L’autorité ecclésiastique s’accorde malheureusement avec l’autorité gouvernementale, pour trouver tout bien aux colonies telles qu’elles sont. Lors de la promulgation de l’ordonnance du 5 janvier 1840, M. Jubelin fit connaître qu’en ce qui concernait l’instruction religieuse, un arrêté prochain indiquerait les moyens de la mise à exécution ; l’arrêté était encore à venir au mois de novembre quand nous quittâmes la Guadeloupe, et M. Castelli préfet apostolique, l’attendait avec une patience toute chrétienne ! Non-seulement M. Castelli ne fait rien, mais il trouve que l’on fait trop, et s’en cache peu. Dans une lettre confidentielle aux curés, corrective d’une lettre publique, l’une et l’autre datées du 5 décembre 1839, il admet « que l’on peut choisir sur les habitations des personnes capables d’enseigner les premiers élémens de la foi. » Et il finit en disant : « Le plan que nous embrasserions en nous donnant ainsi d’utiles auxiliaires sur les habitations, serait aussi vaste que possible. L’on parle de doubler le personnel des prêtres dans toutes les paroisses de la colonie, ce projet serait abandonné comme inutile quand on verrait que notre nombre quelque faible qu’il soit, suffit néanmoins pour conduire