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défaut de relations réglées et solides, par cette indifférence pour les enfans du pays qui vont tenter la fortune au dehors, que nous avons perdu (pour citer un exemple) l’immense débouché que nous offrait le Mexique. Nos nationaux à force de s’y voir livrés à eux-mêmes ont quitté la partie, et avant que la dernière expédition militaire, si tardivement entreprise, si détestablement conduite, eut achevé de nous ruiner pour toujours dans ces contrées, leur commerce était échu aux Anglais et aux Américains du nord, quoiqu’individuellement les Mexicains nous préférassent beaucoup à nos antagonistes, et pour notre caractère et pour notre qualité de christianissimos.

Le gouvernement a semblé vouloir jeter un instant les yeux sur cette grave question ; on a parlé de lignes à vapeur. Mais qu’a-t-on fait ? Selon l’usage, les choses ont été remises à l’examen d’une commission, et Dieu sait ce que font les enquêtes chez nous ! Les Anglais auront des steam-packets sur toutes les routes de l’univers, que notre commission n’aura pas rédigé son rapport. Et cependant Marseille, Bordeaux, le Havre, ont offert de créer des lignes à leur propre compte si l’on voulait seulement les aider ! Mais l’administration, avec ses désirs de tout absorber, veut conserver la direction et l’exploitation d’une pareille entreprise, et songe à disposer les paquebots en bâtimens de guerre pour s’en servir dans un cas donné. L’idée nous paraît mauvaise. Construisez des bâtimens de guerre à vapeur tant que vous pourrez, cela est sage, mais laissez au commerce ses navires de com-