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mers, sans autre objet que de lui porter des nouvelles de sa ville. Il y compte, il s’appuie sur cette confiance, les relations intimes ne sont point brisées ; il sait ce qui se passe at home, et ces rapports continuels sont des soutiens qui ne l’abandonnent jamais.

On applique la vapeur à la navigation transatlantique, le commerce hasarde sur les vastes mers quelques steamships. À peine cette nouvelle voie est-elle ouverte que le gouvernement anglais s’en empare, passe rapidement des traités, et à l’heure où nous écrivons, un service à vapeur pour le transport des malle-postes et des dépêches de l’état sillonne déjà l’Océan, excite l’admiration des amis comme des ennemis, et par sa rapidité magnifiquement organisée met les principaux points du globe et les frères émigrés à quelque jours de distance de l’Europe !

Le Français qui s’embarque, au contraire perd tout ; il est perdu lui-même, il marche vers un long exil. Ceux qui dirigent nos affaires voient nos petits morceaux de chemin de fer centupler le nombre des voyageurs, un simple service régulier de voitures établi d’une commune à l’autre l’industrie, éclairer les hommes, améliorer tout, et ils ne comprennent pas de quel avantage de tels moyens nous seraient sur les mers. Le voudra-t-on croire, la France n’a pas même une ligne de paquebots avec ses colonies ! Ce sont les Anglais qui portent nos dépêches et nos lettres à Saint-Pierre ou à la Basse-Terre !! C’est par une telle ineptie administrative qu’il faut expliquer la médiocrité de notre commerce maritime. C’est par ce