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et par suite les revenus que la douane en extrait ; enfin recevant de leurs peines une rétribution plus équitable qu’en Europe, il deviennent pour l’industrie métropolitaine des consommateurs aisés, multipliés ; et les ouvriers de France ne gémissent plus sans travail devant des monceaux de produits sans issues. — L’industrie métropolitaine, la marine marchande, la marine de l’état, les hommes, les choses et la morale, trouvent à gagner dans cet heureux mouvement.

Hélas ! de long-temps encore, rien de ce splendide avenir ne se réalisera. Long-temps encore le gouvernement de France, livré aux mains qui l’avilissent, exercera vis-à-vis des colonies à peu près le rôle de ces proconsuls romains qui étouffaient les pays conquis sous leur inique protection ; et les Français ne pourront songer à leurs terres tropicales !

Il n’est pas plus dans le génie de la nation anglaise que dans le nôtre, d’aller peupler toutes les parties du monde, et de hasarder de gros capitaux en de lointains pays. Ce qui contribue à rendre nos voisins faciles à ces entreprises hardies, c’est que leur métropole fait tout pour les y encourager. Quelque part qu’ils aillent, il sont assurés de trouver des consuls et des agens pour les protéger, d’y sentir la main de la mère-patrie qui veille sur eux, d’y avoir des moyens de communication avec elle. Un Anglais établi au Mexique, à la Havane, au Brésil, aux Antilles, dans l’Inde, en Amérique, dans la Guyane, partout, sait à huit jours près quand il recevra ses journaux de Londres. Deux fois par mois, mille vaisseaux sillonnent les