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quarante-huit millions de marchandises françaises. C’est ainsi que malgré la scission politique qui a séparé les États-Unis de l’Angleterre, l’Amérique du nord est encore aujourd’hui le plus important débouché de l’industrie anglaise. »

Rien de plus juste, rien de plus vrai que ces réflexions, que nous empruntons à un autre[1], parce qu’elles expriment toute notre pensée mieux que nous ne le ferions nous-même. On ne peut envisager, sans en être saisi, les bénéfices d’une émigration bien réglée aux colonies. Elle développe les immenses avantages dont elles sont susceptibles, elle en fait des points sûrs, vigoureux, armés d’une population active en état de les défendre presque seule contre nos ennemis. Les émigrans attirent les compagnies financières avec leurs fertiles capitaux ; ils appellent la science, qui vient aider la culture tropicale des merveilleux procédés qu’elle découvre chaque jour[2] ; ils mettent en exploitation les terres délaissées ; ils doublent, triplent, quadruplent les produits coloniaux, le nombre des navires employés à leur transport, celui des matelots qui les portent,

  1. Article non signé du journal l’Office de Publicité, 10 mars 1841. Nous regrettons de ne pouvoir citer l’auteur de cet excellent morceau.
  2. M. Paul d’Aubrée vient de publier une brochure (Question coloniale sous le rapport industriel, chez Félix Malteste et Cie, 1841), dans laquelle il montre les avantages que l’application des grands procédés industriels procurerait aux colonies, et les bénéfices considérables que l’on trouverait, seulement à séparer l’agriculture de la fabrication, aujourd’hui réunies dans une même main. Le travail de M. Paul d’Aubrée, d’une grande portée de vue, d’une lucidité d’exposition remarquable, mérite toute l’attention des économistes.