CHAPITRE XIII.
DU PRÉJUGÉ DE COULEUR.
Plusieurs fois, depuis le commencement de cet ouvrage, on nous a entendu parler du préjugé de couleur dont il vient encore d’être question dans le chapitre précédent. Avant de passer outre nous croyons utile d’envisager ce préjugé entièrement spécial aux colonies. — Il y a été fondé par des lois expresses qui, en raison de la nécessité où l’on fût de les renouveler souvent, contredisent un peu la prétendue répugnance naturelle du blanc vis-à-vis du noir. Ces lois étonnent comme une infamie d’autant plus monstrueuse, qu’elles semblent dénuées de motif, et qu’il est difficile au premier abord de s’en rendre compte ; mais si les hommes d’état qui les ont faites ne pouvaient sans danger les expliquer, la politique moderne ne nous commande point les mêmes réserves. Il est aussi aisé de les comprendre qu’il serait difficile de les justifier. En les dictant, les autorités métropolitaines obéissaient à la force impérieuse des choses, elles devaient vouloir ce qu’elles ont voulu, tout horrible que cela paraisse. D’une source impure, il ne peut découler que des impuretés.
Le préjugé de couleur était indispensable pour une société où l’on introduisait des esclaves d’une autre espèce d’hommes que celle des maîtres. Le salut de maîtres blancs, disséminés au milieu d’un nombre tricentuple d’esclaves noirs, résidait dans la fiction de leur supériorité sur ces derniers, et par suite