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bition pour elle, au lieu d’en avoir pour eux-mêmes, ils tourneraient les yeux vers les colonies. Nulle politique ne serait plus à propos que celle qui, encourageant et protégeant les émigrations d’outre-mer, dégorgerait la métropole d’une population dont le sort misérable fait sa honte et son inquiétude.

« Tous les ans plusieurs milliers des enfans de la France passent les mers ; les États-Unis les accueillent ; ils vont fertiliser, au profit des Américains ; les nouveaux États de l’ouest. C’est une recrue de consommateurs que nous fournissons aux manufactures anglaises ; quand il serait si facile de détourner l’émigration et de conserver à la France ses enfans, à notre industrie des consommateurs, à nos colonies des bras dont elles ont besoin. Chaque émigrant qui se dirigerait vers nos colonies, non seulement irait créer sur un sol français une richesse nouvelle, mais il augmenterait par ses consommations l’étendue du marché national. Et qu’on n’essaie pas d’opposer aux colonies le commerce étranger. Sans parler de la concurrence formidable que nous rencontrons sur toutes les places étrangères, et des caprices de la diplomatie commerciale ; il est prouvé qu’à part même tout monopole exclusif, les populations coloniales ont toujours une préférence marquée pour les produits de la mère-patrie, C’est ainsi que quelques colons français, malgré la triste condition que leur ont faites les institutions coloniales, l’état arriéré de leur industrie et l’absence complète de moyens de crédit, consomment tous les ans pour