Page:Schœlcher - Des colonies françaises, 1842.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que les serfs coloniaux ; mais grâce à quelques expériences heureuses fournies par le hasard, il est impossible de douter que la fréquentation du monde civilisé et la communion sainte des idées libres ne puissent mener les uns et les autres à un progrès assuré. Bien que nos adversaires nous l’aient assez sottement prêté, nous n’avons jamais eu l’absurdité de croire que la population esclave des îles fut actuellement égale en intelligence à la population blanche ; ce n’est point à ce titre que nous demandons son émancipation, mais bien parce que nous la croyons apte à devenir, avec le temps, ce que nous sommes devenus.

Quand nous parlerons des colonies anglaises dans un prochain livre, on verra avec quelle prodigieuse rapidité l’indépendance a déjà moralisé leurs nouveaux affranchis ; nous-même qui montrons tant de confiance en eux, nous en étions stupéfait. C’est surtout dans les écoles où il faut voir leurs enfans pour s’assurer que nos désirs ne nous font rien exagérer. Nous avons visité nombre de ces écoles, et partout nous avons trouvé la marmaille noire d’une vivacité extrême, d’un esprit très ouvert, et répondant aux questions d’une manière satisfaisante. Rien n’est plus commun aux West-Indies, que de voir le dimanche dans les chapelles, de petits nègres et de petites négresses de sept ou huit ans lire gracieusement leur office. Partout aussi nous avons demandé aux maîtres ce qu’ils pensaient des dispositions de leurs élèves, et nulle part nous n’avons recueilli une seule observation concordante, avec la prétendue stupidité native de la race africaine. J’ai posé cette question entre diverses autres à M. Parck, chef de la mission méthodiste, établie à la Dominique, « Les enfans nègres se montrent-ils généralement intelligens ou inintelligens dans les écoles ? » Voici sa réponse : « Tout-à-fait de même que l’enfant européen, quand il jouit des mêmes avantages[1]. » M. Davis,

  1. Quite as much as the European child when he is favoured with the same advantages.