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tage commercial, si une fois l’on voulait s’en occuper, si l’on voulait y appliquer un système éclairé d’administration.

Les colonies grecques, on le sait, ne furent fondées que par des migrations de leurs métropoles, auxquelles on accordait toutes les faveurs de la cité. Le souverain et véritable principe des colonies n’est point d’être exclusivement utiles à leur métropole, mais bien d’être utiles et d’offrir un séjour propice à ceux des enfans de la mère-patrie qui vont s’y établir. Voilà leur réelle destination politique et économique ; voilà aussi la source la plus sûre de leur prospérité, de leur grandeur. Nos colonies n’ont pas le quart de la population qu’elles peuvent contenir ; l’esclavage a dévoré les masses énormes de nègres que la traite y avait jetées ; un tiers seul du sol cultivable est en exploitation. N’est-ce pas une chose qui ferait sourire de pitié le plus vulgaire citoyen d’Athènes, s’il en pouvait revenir un au monde, de voir que nous possédons là-bas des plaines immenses, ou la générosité de la nature sollicite des bras qui lui manquent, tandis que le trop plein continental arrive jusqu’à la pléthore avec tous ses symptômes de désorganisation et de souffrance !

Le pouvoir, au sein d’une nation mécontente, ne se soutient que par le moyen artificiel de la peur qu’inspirent les révolutions à une bourgeoisie égoïste. Il emploie toutes ses forces à se conserver. La France, loin de recevoir de lui les inspirations qui l’agrandiraient, est sans cesse occupée à combattre ses tendances envahissantes, Si nos hommes d’État avaient de l’am-