CHAPITRE XII.
DE L’INTELLIGENCE DE L’HOMME NOIR.
Les annales les plus reculées conservent des traces tellement nombreuses du rôle initiateur que la race nègre joua autrefois dans le monde, qu’il est impossible de le révoquer en doute, à moins de déchirer l’histoire tout entière. Les grandeurs de Carthage et de la Phénicie ont à la créance générale des titres moins authentiques que celles de l’Afrique. Si l’on ajoute foi à ce qu’Hérodote et Diodore de Sicile racontent des Perses et des Égyptiens, il faut croire ce qu’ils disent des Éthiopiens ; raisonnablement on ne peut nier l’un sans nier l’autre. Or, nous avons démontré dans un ouvrage déjà cité[1], leurs textes à la main, que les hommes noirs furent les premiers civilisés ; et Bruce il y a un demi-siècle, M. Hoskins il y a six ans[2] en nous faisant connaître les ruines immenses qu’ils ont trouvées dans leurs beaux voyages en Éthiopie (la Nubie actuelle), ont confirmé l’exactitude des leçons d’Hérodote et de Diodore.
On peut très bien aller plus loin, il nous semble, et dire aux hommes de la révélation que c’est une impiété de se refuser à admettre que les nègres soient un peuple dégénéré, et non pas un peuple encore sauvage. Noé avait déjà connaissance de toutes les sciences humaines ; l’esprit des livres saints veut