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En observant aux colonies les nombreux types sortis de l’union du blanc et du noir, on entrevoit un fait qui jetterait peut-être quelque lumière sur ces doutes. Il se rencontre surtout parmi les femmes, des spécimens très caractérisés du type asiatique et du type indien : les premières, teint jaune, nez allongé, bas de visage maigre, yeux noirs un peu penchés à la chinoise, corps svelte, tempérament bilieux : il nous semblait voir les originaux de peintures persanes[1] ; les autres au contraire, tempéramentlymphatique, formes arrondies, teint brun et visage rond[2], en les considérant je croyais retrouver les odalisques qui ont figuré dernièrement sur les théâtres de Paris. L’Asiatique et l’Indou seraient-ils donc des espèces croisées, résultat d’un rapprochement inconnu à l’histoire entre le nègre et le blanc ? Deux sang-mêlés d’un même degré procréent constamment et absolument leurs semblables ; ne peut-on admettre que les populations de l’Inde et de l’Asie sont des hybrides isolés par une circonstance quelconque de leur souche, qui, au moyen de la transmission héréditaire de leurs formes acquises, perpétuèrent des variétés, lesquelles font supposer une race primitive et particulière. N’a-t-on pas vu les Égyptiens qui étaient encore nègres au temps où Hérodote écrivait leur histoire, finir par se fondre dans un moule intermédiaire entre le nègre et l’autochtone ?

Cette hypothèse prenant consistance, la pluralité des races si nombreuses et si diverses qui couvrent le globe s’expliquerait aisément, comme des modulations des deux souches primordiales unies, blanc et noir. Mais il resterait toujours alors à découvrir laquelle des deux engendra l’autre ; car, malgré les caractères différentiels qui les distinguent d’une manière tranchée, elles sont constitutionnellement si parfaitement identiques que notre raison veut qu’elles sortent d’un même tronc

  1. Ce sont des métives, produit du blanc et de la mulâtresse laquelle est le produit du blanc et de la négresse.
  2. Ce sont des capresses, produit du nègre et de la mulâtresse.