commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.
« De petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains : car, si elle était telle qu’ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la piété[1]. »
Quoiqu’en puisse murmurer son orgueil, l’homme n’est qu’un des échelons du règne animal ; il ne pouvait être soustrait à la loi générale de la nature : puisqu’il y a des espèces dans le genre chien ou le genre crocodile, pourquoi n’y en aurait-il pas dans le genre homme ? Les souris blanches sont-elles moins souris que les grises ? De telles variétés ne compromettent en rien l’organisme, nous ne sommes pas du tout tenté de les révoquer en doute, de l’homme noir à l’homme blanc ; elles se multiplient à l’infini dans la nature ; le type nègre n’est pas plus universellement identique que les autres, il se modifie dans lui-même. Les Abyssiniens diffèrent autant des Cafres que les Kalmouks des Chinois.
Parce que le nègre et le blanc sont des rameaux divers de l’arbre humain, nous ne voyons pas pourquoi on ferait l’un supérieur à l’autre, ni que l’un doive être mis au dessus ou au-dessous de l’autre. Il ne nous est point encore clairement démontré qu’un tissu réticulaire à sécrétion noire, ait plus de génie qu’un tissu réticulaire à sécrétion blanche ; que des cheveux plats soient plus intelligens que des cheveux crépus ; des lèvres épaisses et brunes, plus sottes que des lèvres minces et rouges ; des sclérotides[2] jaunâtres, humides et injectées de sang, plus grossières que des sclérotides mates et transparentes ; des talons élargis plus incapables que des talons droits ; mais ces nombreuses infériorités fussent-elles encore avérées, il nous serait impossible d’y voir une démonstration bien évidente que