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« Ils sont si follement acharnés au jeu, que quand ils n’ont plus rien ils jouent leur personne et leur liberté. Le vaincu va lui-même se livrer à la servitude, il se laisse enchaîner et vendre. On se défait par le commerce des esclaves de cette espèce, pour se délivrer en même temps de la honte d’une telle victoire[1]. »

« Ils ne bâtissent point de villes, ils vivent épars, isolés, ils n’emploient ni ciment ni tuiles, ils se servent uniquement de matériaux bruts sans penser à la décoration ni à l’agrément[2]. »

Les habitans de Tombouctou et de Jenné sont évidemment plus avancés que ne l’étaient les Germains. Et il y avait aussi des siècles que les Germains vivaient dans cet état de torpeur.

Reprenons. En tout ceci, nous avons voulu prouver que le nègre doit avoir place entière dans le genre hominal. Il est homme, bien véritablement homme. Il pense, il éprouve les émotions du bonheur et les angoisses de la peine ; le désir de l’approbation le porte à des traits héroïques, l’égoïsme à de mauvaises actions. Il faut être au moins fort paradoxal pour nier la valeur d’une telle identité d’organisation morale. Son mode d’être intellectuel, ses passions, ses goûts, tout proteste contre une assimilation entre lui et le singe ; l’Africain est un homme noir comme l’Indien un homme brun, l’Asiatique un homme jaune, l’Américain un homme rouge, l’Européen un homme blanc. Voilà tout. Nous ne reconnaissons de supériorité à une race sur l’autre que celle acquise par l’éducation, et nous ne reconnaîtrons de droits au titre de la première créature du globe, qu’à celle-là qui s’en montrera la meilleure et la plus généreuse !

Encore une fois le noir est homme. L’analyse anatomique de son être comparée à celle des autres hommes, ne présente aucune dissemblance essentielle. Ce sont des nuances dans une

  1. Liv. 24.
  2. Liv. 16.