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Bonaparte à toujours sacrifié les intérêts maritimes de la France à son développement militaire ; égoïste comme il l’était, il n’a pas voulu de la gloire navale qui pouvait faire ombre à la sienne : il a fait déchoir là France, comme puissance maritime, et après avoir sordidement vendu la Louisiane, après avoir perdu Saint-Domingue, la reine des Antilles, par ses tentatives liberticides, il nous a mis hors d’état de revendiquer nos droits sur des îles qui ne sont plus à nous, quoiqu’elles nous appartiennent[1]. La France en est réduite aujourd’hui à quatre colonies à cultures[2]. Loin de les sacrifier, c’est un devoir pour elle de les conserver, car elles lui sont bonnes comme points militaires, comme asile et lieu de ravitaillement pour sa marine de guerre, aussi bien que pour sa marine marchande. Elles lui peuvent devenir d’un immense avan-

  1. C’est au traité de paix de 1814, que la France a perdu Sainte-Lucie, Tabago, l’île de France et les Seychelles.
  2. Voici la liste des possessions d’outre-mer qui nous restent.

    En Amérique : la Martinique ; la Guadeloupe avec ses dépendances Marie Galante, la Désirade, les Saintes et une partie de l’île Saint-Martin ; la Guyane ; Saint-Pierre et Miquelon, rochers arides à peine peuplés.

    En Afrique : le Sénégal, Gorée, Bourbon et Sainte-Marie, près de Madagascar.

    En Asie : Pondichéry et Karikal côte de Coromandel, Mahé, côte de Malabar, Yanaon, côte d’Orixa, Chandernagor, Bengale.

    De toutes ces possessions, il ne faut considérer que la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et Bourbon comme colonies, les autres ne sont que des établissemens ou des comptoirs.