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« Et effectivement, ajoute M. Virey, la nature nous ayant attribué une tête sphérique, toutes les compressions qui changent cette forme, diminuent le libre développement de l’encéphale. »

Déjà, si l’on étudie phrénologiquement la population des colonies, on observe que chez l’esclave créole la bouche est moins avancée, l’angle facial plus ouvert que chez l’Africain. Ce museau du nègre dont M. Virey parle toujours, est un effet du reculement du front, qui disparaît lorsque le front s’avance. M. Lacharrière, de la Guadeloupe[1], n’hésite pas à reconnaître que « le moral des nègres s’est amélioré dans les colonies. » Pour léger qu’ait été le frottement avec la civilisation, ils ont montré combien ils sont perfectibles en en profitant ; et il n’y a pas de doute que la liberté faisant jouer leurs organes intellectuels laissés en repos dans l’esclavage, ne les amène au même degré que les plus fiers Caucasiques. Tout est affaire d’éducation et de pratique. Nous croyons beaucoup au perfectionnement progressif des races par la culture, et à la transmission d’une génération à l’autre d’un degré acquis d’intelligence. L’homme est modelé sur son père ; son esprit reflète avec facilité ; et cette disposition à se laisser impressionner par le mouvement continuel de l’extérieur, est un des principaux élémens de la sociabilité des créatures humaines. N’est-ce pas là ce qui forme le caractère distinctif de chaque nation, ce qui fait que l’homme français diffère de l’homme allemand, celui-ci de l’homme chinois, etc. ; ce qui fait que chacun de ces trois individus a un cachet et des idées françaises, allemandes, chinoises, auxquelles on le reconnaîtra partout pour ce qu’il est. Incontestablement un peuple long-temps civilisé doit produire des enfans plus capables que ceux d’un peuple barbare.

L’être humain est essentiellement perfectible, mais le principe du perfectionnement n’est pas en lui ; il s’instruit par le contact avec de plus instruits que lui. Il a du moins besoin d’une certaine initiation pour se comprendre lui-même. M. l’abbé

  1. Réflexions sur les Antilles françaises.