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Il nous reste encore quelque chose à dire. (Nous sentons notre insuffisance à traiter de pareilles matières, et cependant nous croyons devoir aller jusqu’au bout.) Les fontanelles solides sont fort du goût des hommes aux causes finales. Si la tête du fœtus nègre est ainsi faite, c’est qu’étant moins grosse que celle des autres hommes, les os du crâne n’ont pas besoin de jouer les uns vers les autres pour faciliter la délivrance. Sœmmerring en effet, a dit un jour que la masse cérébrale du noir était plus petite que celle du blanc ; et les savans de cabinet ont déclaré depuis que la capacité du crâne éthiopien diffère d’à peu près un neuvième en moins de celle du crâne japhétique. Rien de tout ceci n’est avéré, et nous avons entendu M. Jobet, docteur de la faculté de Paris, établi depuis dix-sept ans au Port-au-Prince, Haïti, où il vit avec des nègres, professer l’opinion que leur appareil cérébral est égal à celui du blanc.

Il est une remarque plus exacte que toutes les autres, et sur laquelle on n’insiste pas moins ; nous voulons parler de l’étroitesse du devant du crâne par rapport à la partie occipitale. Pour cela nous en tombons d’accord, mais si, comme la science moderne le reconnaît après Gall, la boîte osseuse est soumise à l’influence du développement du cerveau, il n’est aucune raison de se refuser à croire que, quand l’exercice des facultés intellectuelles aura grossi la masse antérieure de l’encéphale du nègre aux dépens de la masse postérieure, sa tête ne devienne aussi ronde que la nôtre. Il est tout simple qu’il n’ait que le cerveau de ses actes ; ce qui serait prodigieux c’est que son action morale étant comprimée par de longs siècles d’esclavage ou de sauvagerie, son cerveau fût pareil à celui de l’homme civilisé. Les serfs russes doivent avoir la partie antérieure du crâne non moins étroite que les nègres. Il se pourrait bien aussi que l’usage adopté dès leur enfance par les nègres, de porter tous les fardeaux sur leur tête, contribuât à leur infériorité actuelle. Des médecins cités par M. Virey, ont observé que cette vicieuse habitude contractée par des ouvriers en Europe, hébétait souvent les individus en déprimant leur cerveau.