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ait admis ce fait comme général, a voulu, nous croyons, accumuler trop de preuves pour justifier sa nomenclature un peu bizarre du genre humain en quinze espèces différentes. Mais s’il a vu à l’Île-de-France des négresses du genre qu’il décrit, nous sommes à même de l’assurer qu’elles ne ressemblent point du tout à celles des Antilles, ce qui l’engagera peut-être à créer une seizième espèce.

Pour tout dire, les hommes de l’art résidant aux colonies, n’acceptent rien des propositions de quelques anthropologistes européens sur la structure des nègres. Je consultais, je me rappelle, sur ce point, M. Noverre, médecin établi depuis vingt ans à la Martinique, où il est devenu, de conviction, partisan de l’esclavage. « Tout cela, me répondit-il, ce sont des sottises d’homme à préjugés. » À la Jamaïque, le docteur Spalding, créole, qui n’a quitté l’île que pour ses études en Europe, et qui a long-temps professé à Kingston, n’a remarqué dans tout le cours de sa pratique, d’autre différence essentielle entre les blancs et les noirs que la couleur de la peau. M. Lestrade, jeune praticien de grande science, créole martiniquais, qui s’est beaucoup occupé de ces questions, n’a non plus rien observé de pareil dans le grand nombre de cas anatomiques que lui offre journellement sa pratique. La seule chose qu’il note est une ossification plus rapide de la tête dans l’enfant noir, et une épaisseur plus grande des os du crâne dans l’adulte.

Nous pouvons appuyer ces opinions de celle de Camper. « Comme ce fut en public que je disséquai ce cadavre (il parle d’un jeune nègre d’Angola, mort à Amsterdam), j’en examinai avec impartialité toutes les parties, pour reconnaître les différences qu’il pouvait offrir, et je dois avouer que tout s’y trouvait de parité avec l’homme blanc. » Le grand anatomiste hollandais, dit en terminant le discours[1] dont nous avons extrait ce passage : « Ceux qui voudront approfondir cette matière, peuvent consulter l’admirable ouvrage d’Albinus, sur la cause et le

  1. De l’origine de la couleur des Nègres, 2e vol. des œuvres de Camper.