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occupé d’histoire naturelle, nous a dit avoir vérifié l’exactitude du fait. Nous avons toutes sortes de raisons pour croire à sa bonne foi éclairée, et néanmoins nous sommes obligé de dire que notre attention ayant été fixée sur ce point, huit ou dix examens personnels ne nous ont amené à rien de positif. Chez les nouveau-nés noirs, comme cela arrive chez les nouveau-nés blancs, nous avons trouvé la fontanelle plus ou moins molle, plus ou moins étendue, les sutures plus ou moins fermées, mais rien d’essentiellement différentiel. Une négresse, sage-femme d’habitation, toujours chargée d’accoucher des esclaves, et à laquelle nous avons posé la question nette sans qu’elle pût présumer que nous désirassions telle réponse plutôt que telle autre, nous a dit qu’il n’y avait rien de précis à cet égard, et qu’elle avait vu des négrillons dont la fontanelle et les sutures étaient si fragiles, qu’il fallait soutenir la tête par des bonnets un peu serrés. Même, dans sa pensée à elle, les enfans qui naissent avec la tête solidifiée, deviennent plus vaillans, comme on dit en créole d’un homme fort et résolu.

En tout cas, si l’observation des fontanelles cartilagineuses était reconnue exacte, il faudrait pour en tirer des conséquences douées de rectitude, savoir si l’homme sauvage, rouge, jaune ou blanc, sortant d’une longue suite de générations incultes ne partage pas, de même que les noirs, ce rapport avec les quadrumanes ; il faudrait examiner également si le produit des esclaves créoles, c’est-à-dire des esclaves plus civilisés ne se rapproche pas du produit blanc ; et enfin si l’enfant d’une génération nègre ayant acquis tout son développement intellectuel, ne naîtrait pas avec des conditions analogues aux nôtres. Dans cette hypothèse, nous serions fort tenté de conclure qu’à l’époque où nous habitions les forêts de la Gaule, nous avions la fontanelle tout aussi peu gélatineuse que les nègres d’aujourd’hui.

M. Virey admet encore que les mamelles sont très basses et pendantes chez les négresses, dès la première nubilité. M. Bory de Saint-Vincent, le premier, si nous ne nous trompons, qui