Page:Schœlcher - Des colonies françaises, 1842.djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Albinos sont tous des êtres infirmes et valétudinaires. Si donc le teint de la peau est en quelque sorte un thermomètre de vigueur au physique comme au moral, et c’est M. Virey lui-même qui nous fournit cette expression pittoresque, les philosophes comme Knight[1] qui firent de la couleur noire l’attribut de la race primitive dans tous les animaux, le firent avec raison, et logiquement, il nous semble, le nègre deviendrait le type par excellence, et devrait être placé au premier degré de l’échelle humaine.

Nous n’attachons aucune valeur d’argumentation à cette hypothèse, dont sans nul doute on n’eût pas manqué de faire usage au détriment des Africains, si le contraire avait eu lieu ; mais nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer qu’elle s’accorde avec les traditions d’une antiquité immémoriale, qui présentent les hommes noirs comme les premiers civilisés du globe.

Passons : si le sang des nègres et leurs viscères sont noirâtres, au dire de M. Virey, toujours à la suite de Sommering, leurs os en revanche sont plus blancs que les nôtres.

C’est là encore une opinion professée par les anthropologistes qui croient plus volontiers ce qu’ils trouvent dans les livres de leurs prédécesseurs, qu’ils ne se donnent la peine de lire dans celui de la nature.

Les Espagnols ont des cimetières fort étroits ; il ne s’y garde guère de terrains à perpétuité ; au bout de deux ou trois ans on déterre les morts, on brûle ce qui subsiste des linceuls, et l’on fait du reste un grand ossuaire. Il se voit dans les ossuaires de Puerto-Rico des os de maîtres et d’esclaves ainsi mêlés ensemble : tous ont la même couleur, impossible de distinguer deux espèces. L’égalité des squelettes est absolue.

Une autre opinion de M. Virey, qui assimilerait l’homme noir aux quadrumanes, c’est que l’enfant nègre naîtrait avec la fontanelle plus petite et plus fermée que l’enfant blanc. Nous devons l’avouer, M. Cotterell, jeune habitant du Macouba, fort

  1. The progress of Society, 1796.