CHAPITRE XI.
DANS L’ÉCHELLE DES ÊTRES, LE NÈGRE APPARTIENT AU GENRE HOMME.
Les colons ont adopté avec empressement les idées émises sur la condamnation originelle qui aurait été prononcée contre les nègres ; ils croient, comme leurs défenseurs religieux, à l’unité de la race humaine, proclamée dans les textes sacrés ; mais voyez la contradiction, ils montrent la même foi pour quelques-uns de leurs défenseurs physiologiques, qui affirment que la nature a mis entre le nègre et le blanc des différences d’organisation caractéristiques ! Ils soutiennent avec l’allemand Heidegger, que les nègres sont la postérité de Chanaan, fils de Cham, fils de Noé ; et avec M. Virey, que la structure de l’homme noir n’est pas la même que celle de l’homme blanc, fils de Japhet, fils de Noé !
Ce M. Virey, médecin incontestablement de haute science, quelquefois éloquent, mais animé d’une sorte de haine anatomique contre le nègre, a cherché à établir dans le Dictionnaire d’hitoire naturelle de Déterville, et dans le Dictionnaire des sciences médicales de Panckoucke, que le nègre est un intermédiaire entre l’homme et le singe.
Une fois propriétaire d’esclaves noirs et voulant les garder, la stupidité constitutionnelle des nègres devenait aux créoles un argument indispensable pour apaiser les cris de leur