Page:Schœlcher - Des colonies françaises, 1842.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de pitié pour les âmes de ces pauvres nègres, plongées et maintenues dans la nuit des superstitions de l’ignorance. Honte ! honte ! Qui nous délivrera de ces mensonges de croyans ! Quand donc l’Esprit-Saint viendra-t-il éclairer les maîtres et leurs défenseurs, puisque l’amour de l’humanité ne les peut émouvoir ! Que dirais-tu, ô ! Pascal, si tu entendais ces déites, ces catholiques romains, ces défenseurs de l’église soutenir leurs droits de propriétaires d’esclaves au nom de la religion, de Dieu et de l’église ; que dirais-tu de ces cruels meurtriers d’âme, toi qui t’écriais, en parlant de l’église : « La chaste épouse du Seigneur, qui, à l’imitation de son époux, sait bien répandre son sang pour les autres, mais non pas répandre pour elle celui des autres, a pour l’homicide une horreur toute particulière et proportionnée aux lumières que Dieu lui a communiquées. Elle considère les hommes non seulement comme hommes, mais comme images du Dieu qu’elle adore. Elle a pour chacun d’eux un saint respect qui les lui rend tous vénérables comme rachetés d’un prix infini pour être faits les temples du Dieu vivant. »

S’il était réellement un juge éternellement sage, éternellement juste, quel serait au jour des peines et des récompenses, quel serait le plus coupable, à son tribunal, de l’homicide ou du propriétaire d’esclaves ? De celui qui aurait renversé le temple du Dieu vivant, ou de celui qui l’aurait souillé de la promiscuité, de la violation des liens de famille, de l’ignorance de soi-même, en un mot de tous les vices et de toutes les profanations serviles ?


Séparateur