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tionaux. En s’exprimant d’autre façon, on légitime une certaine prétention familière aux créoles, qui disent que leurs droits sont mal appréciés, parce qu’ils sont mal connus.

IL est une objection à la destruction des fabriques de sucre indigène, qui ne doit pas être dédaignée, parce qu’elle est venue d’amis sincères du pays. Qu’arrivera-t-il, ont-ils demandé, si une collision éclate en Europe et intercepte les voies à nos produits coloniaux ? Faudra-t-il encore, comme sous l’empire, payer le sucre six francs la livre ? Ne regrettera-t-on pas alors d’avoir ruiné une industrie nécessaire ? — Ce serait ici le cas de dire, puisqu’il est question du peuple français :

Je ne sais pas prévoir le malheur de si loin.

Mais ne soyons point si superbe, c’est d’économie industrielle qu’il s’agit ; disons simplement : de telles craintes sont vaines et sans fondement. — L’état actuel de l’Europe ne permet plus de redouter ces guerres désastreuses qui engageaient tous les peuples les uns contre les autres. Si notre marine militaire ne savait pas défendre et convoyer notre marine marchande, nous aurons les neutres, empressés à venir approvisionner nos marchés, parce qu’ils y trouveront intérêt ; et, en supposant le cas le plus extrême, on sera toujours à temps quoi qu’il arrive de rétablir les sucreries métropolitaines. Les champs sont là, les procédés sont connus, les machines ne sont pas longues à construire, et dans un pays comme le nôtre, une année ou deux