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ploya pendant deux ans ce luxe de fureur vengeresse, et ne diminua pas le mal : le poison fut plus fort qu’elle, et un ordre du département de la marine la supprima en 1827… C’est qu’un tel fléau ne se détruit ni par le fer ni par le feu, mais par la moralisation des masses. Il n’y a qu’un seul remède au venin qui désole nos îles : ce remède, c’est la liberté. L’histoire nous en est garant, le poison disparaîtra des colonies avec l’esclavage, comme il a disparu d’Europe avec la féodalité, comme il a déjà disparu de Saint-Domingue qui en eût beaucoup au temps de la servitude, et qui n’en a plus au milieu même de l’indépendance sans frein et sans morale, où la laisse se corrompre un pouvoir sans amour et sans vertu.

Avant de terminer, un mot sur Davoust-Coupe-Tête : il finit par perdre la raison, et mourut en voyant du poison partout ; lorsqu’il parlait des esclaves, il ne les désignait plus que sous le nom de travailleurs. Son énergique courage s’était noyé dans les flots de sang répandus : Il avait peur…


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    avions sans doute mal compris l’homme honorable dont nous tenions notre récit. La Revue des colonies, dirigée par M. Bissette, a montré qu’il y avait de notre part confusion de deux noms et de deux époques. C’est, dit-elle, (numéro d’octobre 1841), le prédécesseur de Davoust, un nommé Motet, qui fit plusieurs autodafés dans la colonie en 1805 et 1806, et notamment celui des seize noirs, sur la place du Lamentin.

    Nous avons commis une erreur, mais il est aisé de voir, d’après les circonstances, que ce ne fut ni par mauvaise foi ni par légèreté.

    Quant aux autres redressemens appliqués à notre narration, nous ne pouvons les accepter. Nous maintenons la vérité de tout ce que nous disons, et si nous n’en apportons point les irrécusables preuves, c’est qu’il est venu à notre connaissance qu’elles affligeraient des gens de bien dont la douleur est respectable à nos yeux.

    Un colon nous a fait reproche d’avoir cité l’autodafé, ce ne serait pas de bonne guerre « parce qu’il est vieux de vingt ans ». Cela est-il bien raisonnable ? Le fait n’a-t-il pas été indiqué par nous avec sa date. Jetant un coup-d’œil historique sur le poison, fallait-il être animé de mauvaises passions pour en rapporter un épisode aussi capital ? Jusqu’à quel limite du passé nous serait-il permis de remonter ?