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mettre l’existence du sucre exotique ; nous disons qu’il faut détruire le sucre de betterave avec indemnité pour les fabriques métropolitaines[1]. Plus tard nous espérons prouver que la France, que le consommateur français, n’auront que profit à cette équitable mesure, rattachée à l’affranchissement et à un système colonial large, intelligent, bien entendu.

Les déclamations ignorantes et honteuses des anti-abolitionistes ne sauraient, en nous passionnant contre eux, nous empêcher de reconnaître la vérité. C’est une erreur de prétendre que les produits coloniaux sont des produits exotiques (ce mot pris dans le sens d’étrangers) qui doivent être sacrifiés en bonne économie aux produits nationaux. Encore une fois nos colonies sont des provinces françaises d’outre-mer, et leur industrie agricole est aussi nationale que celle de la fabrique de Paris. Le pavillon qui flotte sur les créneaux de la Pointe-à-Pitre, de Fort-Royal, de Cayenne ou de Saint-Paul, est le même que celui qui flotte aux tours de Notre-Dame. C’est donc bien une erreur que d’appeler les denrées coloniales des produits étrangers. Si l’on veut nommer les choses avec rigueur grammaticale, il faut les appeler des fruits exotiques na-

  1. Nous sommes partisan de l’indemnité aux betteraviers, parce que la France les a particulièrement encouragés à fonder leur industrie ; qu’elle s’est imposée, pour la faire fructifier, de grands sacrifices, à la vue desquels les fabricans se sont livrés eux-mêmes à des dépenses qu’ils n’eussent pas faites sans cela. Au surplus, nous entendons très fermement que les ouvriers, frappés par la suppression du sucre indigène, aient leur part de l’indemnité accordée à leurs maîtres. C’est justice.