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c’est parce que le sucre est le seul mode d’existence possible pour les colonies, parce que le cacao, le girofle, le café, le coton même et le mûrier qu’on tente d’introduire, n’y peuvent être qu’accessoires.

Les deux sucres rivaux en présence, se nuiront toujours l’un à l’autre, ils se ruineront l’un par l’autre, car ensemble, ils produiront toujours plus que la consommation. À quoi bon se troubler l’esprit pour chercher à pondérer leur concurrence ? L’égalité des droits n’est qu’une déception de transigeur timide. Quel avantage tirerait le pays de cette lutte funeste aux intérêts particuliers ? Veut-on entretenir la betterave pour s’en faire une barrière aux exigences impérieuses de la canne, ou pour combattre l’apathie routinière des planteurs ? Le sucre étranger suffit de reste à cette fonction, il ne laissera jamais les colonies maîtresses d’imposer à la France leurs produits aux taux qu’elles voudraient fixer arbitrairement. Ce n’est pas nous que l’on peut croire disposé à laisser peser sur le pays des taxes au profit d’un petit nombre de privilégiés ; il sera toujours temps, si cela devient nécessaire, de fixer le prix du sucre légalement comme on fixe celui du pain, pour maintenir cette indispensable denrée à portée du pauvre. Il faut se résoudre à tuer une des deux industries similaires, car il n’est d’aucune nécessité politique ni économique qu’elles subsistent toutes deux. Et comme le sucre indigène n’est pas une condition de vie pour la métropole, tandis que le sucre exotique est une condition de vie pour ses colonies, comme le sucre indigène ne peut que compro-