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l’abandon des départemens des Vosges et du Cantal, à nos yeux c’est tout un. En parlant « de ces petites îles dont la majorité des habitans ne sont pas Français, » un général trop célèbre a proféré une hérésie politique ; les habitans de la Martinique sont aussi Français que les habitans de sa commune.

Celles des colonies que l’odieux régime impérial nous a laissées, par la raison seule qu’elles font partie de la France, ont droit à la prospérité ; et cette prospérité étant, à notre avis, uniquement dans la belle culture de la canne, nous nous déclarons ennemi du sucre de betterave. Un tel motif nous suffit, et nous ne nous croyons pas obligé de rentrer dans une discussion déjà épuisée. Le fait des cent mille hectares enlevés dans le département du Nord aux céréales, pour les livrer à la betterave, nous semble peu grave, quelqu’importance qu’on ait voulu lui donner, il n’entre pour rien dans notre opinion. La betterave ravirait cent mille hectares de plus aux céréales, si on la jugeait utile à nos intérêts, qu’il resterait toujours assez de terres bonnes au blé pour en obtenir la farine nécessaire à la nourriture du pays. Ce n’est point non plus parce que la France ayant le monopole de l’approvisionnement de ses possessions d’outre-mer, il est rigoureusement juste qu’elle leur conserve le monopole du sucre, parce que fermant à leurs produits les marchés étrangers, c’est un devoir impérieux de leur assurer un placement avantageux sur le marché métropolitain ; ce n’est point par de telles causes que nous sommes déterminé, car toutes ces barrières peuvent être levées ;