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quiéter de la résistance des créoles aveugles. Le fouet s’en va. Il disparaîtra.

Avant d’abandonner ce triste sujet, il nous reste une observation à faire. Si nous l’avons traité aussi longuement, ce n’est point dans l’hypothèse que la servitude ait encore des chances de durée, et que la suppression des châtimens corporels puisse être un amendement à y introduire. Il n’y a plus à s’inquiéter de savoir si ce moyen de coercition est utile vis-à-vis des nègres, car c’est précisément parce qu’on fustige les esclaves, qu’il ne doit plus y avoir d’esclavage. Dans notre opinion, l’esclavage doit cesser et cessera avant peu par la volonté de la métropole avec le libre consentement des maîtres, ou par la seule volonté des nègres. Nous n’avons donc parlé du fouet que comme d’une des faces de la servitude, et si nous avons discuté sa valeur, c’est en vue des habitations pénitentiaires dont nous proposons l’établissement pour accompagner l’émancipation. Au sein de ces hideux repaires, que nous appelons bagnes, les gardes chiourmes ne peuvent plus se servir de leurs bâtons qu’en cas de défense personnelle. Pourquoi le fouet resterait-il toujours indispensable vis-à-vis des laboureurs de nos Antilles ?


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