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du nord, qui n’a pas une colonie, et dont la marine marchande cependant a pris plus d’extension que celles de toutes les puissances à établissemens d’outre-mer. Un moyen de favoriser notre navigation de commerce est assurément de lui donner à transporter des marchandises d’encombrement, comme le sucre ; mais parce qu’on n’en achèterait plus à la Guadeloupe ou à la Martinique, serait-ce à dire qu’on n’en pourrait acheter autre part ?

Ne discutons pas davantage, nous n’avons posé la question que pour nous éclairer. Nous n’appartenons point à l’école de la politique des gros sous, nous avons en haine les doctrines des hommes d’état du xviie siècle ; et que les colonies coûtent ou ne coûtent pas à la France, qu’elles lui soient ou ne lui soient pas onéreuses, nous les aimons ; nous voulons que l’on ne s’en sépare pas, et nous les défendrons toujours, parce qu’elles sont françaises. Il y a quelque chose de monstrueux à dire, comme il a été dit, que les colonies ayant été instituées pour l’avantage des métropoles, l’avantage des métropoles doit prévaloir au détriment de tout intérêt colonial. On oublie beaucoup trop, il nous semble, en tout ceci que les créoles ne sont pas des vaincus, que les colonies ne sont pas des pays conquis, mais bien des terres peuplées de nos parens et de nos compatriotes, qui sont allés s’y établir sous la foi du pacte commun. Le quart au moins de la population blanche des îles est composé d’Européens français, le reste de colons français. Traiter de l’abandon possible de la Guadeloupe et de la Guyane ou de