trainte, dis-je à M. Johnson, géreur de l’habitation que nous visitions, « oh ! oui, nous répondit-il, décidément l’argent est un véhicule plus actif que le fouet. » Eh ! pourquoi aller chercher nos exemples à la Dominique, quand nos colonies mêmes en offrent à qui veut les voir, M. Lacharrière, M. Lignières, M. Alphonse Bouvier, M. Eggimann, tous créoles, tous propriétaires à la Guadeloupe, ont supprimé le fouet en partie sur leurs biens ; déjà leurs commandeurs ne le portent plus au jardin, leurs nègres ont cessé d’être conduits au travail comme des troupeaux de mulets. Plusieurs autres habitans m’ont déclaré qu’ils sont assez sûrs de leurs ateliers pour compter qu’une pareille amélioration ne nuirait aucunement à leur régime, et que s’ils conservaient encore l’ignoble instrument, si le commandeur taillait encore les heures à coups de fouet, plutôt que de sonner une cloche, c’était pour ne point blesser l’esprit général du pays qui sympathisait peu avec ces innovations !
Revenons aux réformes de M. Arthur Clay, il a également cherché à faire tourner les punitions à son profit. Vue en grand, la chose devient de très bonne économie politique ; ainsi, pour une légère faute qu’un autre fait payer de cinq ou six coups de fouet, il demande au coupable un paquet d’herbes de plus[1], ou bien il l’oblige à travailler hors d’heure[2]. Aujourd’hui cela est illégal, mais comme de pareils moyens ne blessent aucunement l’humanité, ils pourront être heureusement employés et seront sans doute profitables, car un propriétaire instruit, M. Guignod, à qui nous en parlâmes, nous répondit : « Oh ! si vous me permettez de faire travailler hors d’heure, je vous livre mon fouet volontiers ; je ne l’aime pas, et encore aujourd’hui je n’ordonne cette punition qu’avec répugnance. »
Un autre planteur, M. Meat Dufourneau, tout en pensant que le fouet est l’unique moyen de répression applicable à des