CHAPITRE VII.
LE FOUET.
L’étude que nous avons faite du régime des esclaves veut, pour être complète, que nous examinions la discipline à laquelle ils sont soumis. Ce sera l’objet du présent chapitre.
Le père Labat dit, en rendant compte de son débarquement à la Martinique : « Il vint un grand nombre de nègres à bord. Beaucoup d’entre eux portaient sur le dos les marques de coups de fouet qu’ils avaient reçus ; cela excitait la compassion de ceux qui n’y étaient point accoutumés, mais on s’y fait bientôt. »
La chose est vraie, pour les soudards semblables au révérend père Labat et pour les gens qui arrivent aux colonies, sans avoir l’esprit préoccupé du fait social que nous étudions. Leur cœur s’étonne et s’émeut d’abord à la vue de l’avilissement imprescriptible de toute une race, leurs premières lettres accusent avec chaleur ces impressions, puis il se blasent comme on se blase sur tout, et peu à peu ils adoptent les mœurs et les idées du pays. On s’y fait, selon le mot cruel du père Labat.
Pour le philosophe, il n’en est pas de même. La sympathie que lui inspiraient les esclaves avant de les connaître, s’augmente de toute la douleur que doit produire en une âme élevée le tableau de la plus triste dégradation humaine. Une des choses qui l’afflige davantage, c’est le fouet qu’il entend résonner nuit