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« La vente se fera au comptant.

« Fort-Royal, le 6 août 1839.

« Le commissaire-priseur Guyardin[1]. »


Encore une, car ces pièces qui nous révoltent jusqu’au fond des entrailles, plaident, à notre sens, pour l’abolition avec une force démonstrative invincible :


« Vente judiciaire. — En vertu d’une ordonnance de M. le juge royal du tribunal de première instance de la Pointe-à-Pitre, en date du 3 juillet courant, dûment enregistrée.

« Il sera procédé, le samedi 25 du présent mois de juillet, heure de midi, par le ministère de M. le commissaire-priseur, à l’encan de la Pointe-à-Pitre.

« À la vente au comptant au plus offrant et dernier enchérisseur.

« De divers effets mobiliers, consistant en linges de corps, deux fusils et une négresse.

« Le tout estimé 1,172 francs, et dépendant de la succession du feu sieur Félix, quand vivait, économe d’habitation, demeurant dans la commune du Port-Louis.

« Pointe-à-Pitre, le 9 juillet 1840.

« Grandmougin. » [2]


Qui sait si les peuples à venir voudront croire à cela, lorsqu’ils le liront ?

Nous avons voulu assister à une de ces ventes où l’on met à la criée, en 1841, des hommes, des femmes, des enfans. C’était une grande salle remplie de meubles et d’objets de toute espèce. Au milieu de ce fouillis, assise dans un coin sur des caisses de vin, était une fille de dix-sept ou dix-huit ans, la tête appuyée sur la main, mécontente, sombre, et surveillée

  1. Journal officiel de la Martinique.
  2. Journal commercial de la Pointe-à-Pitre (Guadeloupe).