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serait encore pis, elles manqueraient également leur destination, et ce serait au profit des nations rivales. » Dans ces instructions on va jusqu’à dire : « que les colonies ne sont pas provinces de France, que le colon est un planteur libre sur un sol esclave. » Quelques années avant 89 on n’était guère plus avancé, et Malouet écrivait : « Une colonie est établie pour le plus grand avantage de la métropole. Voilà sa fin[1]. »

Ceux qui font de la politique à ce point de vue d’utilité matérielle et immédiate, ont calculé la valeur des îles à culture pour la France ; ils se sont demandé brutalement s’il était profitable de les garder ou de les abandonner. — Les partisans des colonies ont affirmé qu’à elles seules, elles portaient presque la moitié de notre inscription maritime et de notre commerce extérieur. — La vérité sur ce point, la voici : Le président du conseil, dans la séance de la chambre des députés du 8 mai 1840, a prouvé que les colonies n’employaient pas plus de six mille matelots[2] sur

  1. Mémoires sur les Colonies.
  2. Les notices statistiques publiées par la marine, donnent sur ce point les chiffres suivans pour l’année 1833. La Guadeloupe a reçu 485 navires français *, jaugeant 68,315 tonneaux, et montés de 4,583

    * Sur ce nombre, 185 seulement venant d’Europe. Le reste appartient au commerce local des colonies entre elles, ou à la pêche de Terre-Neuve.