Il est incontestable que les produits du sol et des manufactures de France manquent de débouchés : en créer de nouveaux, sans heurter aucun intérêt essentiel, est un des objets qui appellent le plus immédiatement l’attention des mandataires de la nation.
Les entrepôts de la Martinique et de la Guadeloupe, bien que faiblement approvisionnés, se trouvent néanmoins, par suite des entraves existantes, encombrés de marchandises que les négocians de ces colonies sont obligés d’envoyer sur navires étrangers en entrepôt à Saint-Thomas, Trinidad, et autres places où ils paient de fortes commissions, et sont souvent, par l’effet de leur éloignement et des vicissitudes trop fréquentes dans cette partie du monde, exposés à tout perdre.
Cet état de choses cesserait si les navires nationaux et étrangers, avec cargaison étrangères, étaient admis dans les ports de ces colonies, qu’ils ne quitteraient qu’après y avoir pris un chargement en marchandises françaises et étrangères qui y seraient entreposées.
On objecterait en vain que la France, pouvant envoyer directement ses vaisseaux au Mexique et à la Colombie, n’a pas besoin d’entreposer ses marchandises à la Martinique et à la Guadeloupe. Il n’es que trop réel que des spéculateurs français ont fait des expéditions immédiates à ces divers états ; mais chacun en connaît les résultats : un petit nombre a réussi. Quant aux autres, ils n’ont trouvé que des pertes sur des marchés dans lesquels ils sont arrivés sans notions préliminaires ou avec des notions inexactes.
D’ailleurs, il est en Amérique beaucoup d’établissemens, dont l’importance ne comporte pas l’importation de France en ligne directe d’une cargaison entière. Telles sont la plupart des Antilles anglaises et hollandaises, et les colonies de